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THE AUTHOR
An artist [ poetry, plays, short stories, painting and sculpture]. [June 2014]
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Conte De No�l G�rard Ducasse
<<Je vous demande bien pardon, monsieur. Je choque sans doute vos sensibilit�s. Je vous comprends tr�s bien. Vous avez une id�e bien ordonn�e du monde, que je d�range, parceque je suis ath�e.>>
Le monsieur d'en face de moi, avec qui je causais ainsi � l'�cart de la compagnie, lors d'une r�ception de noces, me regarda d'un air de d�go�t. Sans doute, voulait-il abr�ger cette conversation d�plac�e_ mais aussi, pouvait-il abandonner le terrain � un �tre �videmment d�prav� et moralement son inf�rieur?
<<Voyez-vous>>, lui dis-je << je ne puis comprendre la notion de Dieu..comment donc, puis-je y croire?>> La gorge me serrait un peu. Je l'�tanchais d'un peu de vin.
<<Vous comprendriez la notion de Dieu, ...si vous y mettiez un peu d'humilit�...>> et apr�s un silence,<< peut-�tre.>> me dit-il.
Ce que j'avouais alors, je ne l'ai jamais avou�. Je n'aurais jamais du le faire, surtout pas � cet homme.
<<Me croiriez-vous>> lui dis-je, <<si je vous disais que tout pauvre ath�e que je suis.... si je vous disais que le Christ m'est apparu � moi, pauvre cr�tin...>>
Le monsieur qui portait des lunettes � demi-cercle dor�es, a failli les perdre sous le coup du choc. Apr�s avoir rajust� ses lunettes sur son nez, il les a ramen�es vers le bas pour bien me voir de pr�s. Il a pris un air soulag�. Il se disait, sans doute, le pauvre diable << Ce type-l� est timbr�, laissons-le parler, il pourrait �tre amusant>>. Il a souri d'un petit air fin. << Cela a du �tre une exp�rience capitale! mais racontez-moi cela, cher ami.>> Moi, son ami! Je l'ai regard�, et le vin aidant, je lui ai racont� mon histoire.
<< C'�tait en 1960, dans la ville de Dublin, la veille de No�l. La vieille ville r�sonnait du carillon des cloches. La foule remplissait les rues, menant � l'�glise paroissiale. Je la voyais passer devant ma fen�tre. Ce chant de cloches vibrant dans la nuit, me ramenait � mes ann�es de prime jeunesse, quand, enfant de choeur en soutane rouge et surplis blanc, je servais la messe... Qu'ils �taient doux les mots qui me revenaient...Agnus dei qui tollis peccata mundi, miserere nobis.>>
<<Vous parlez le latin de cuisine, mon pauvre ami...>>observa le monsieur aux lunettes.
<<Et puis encore,>> je repris, sous l'effet de la nostalgie,
<< Domine, non sum dignus ut intres sub tectum meum; sed tantum dic verbo et sanabitur anima mea>>.
<<Voil� ce qui me revenait de ces ann�es de croyance heureuse. Il me semblait, � voir passer ces gens dans la rue, que je me revoyais moi-m�me � travers la distance des annn�es et les mutations de l'�me...>>
<< Le vin vous rend philosophe>> observa-t-il, entre deux petites gorg�es.
<< Voil� ce que je ressentais >> lui dis-je << en voyant passer ces gens dans la rue, ce 24 d�cembre alors que les cloches chantaient � toutes vol�es; mais je ne pouvais me joindre au festin, car j'avais perdu cette foi qui rassure et qui r�chauffe. Je connaissais la terrible nuit de l'�me sans Dieu>>.
<<Tant pis pour vous>> me dit-il.
<<Je restais accoud� � ma fen�tre>> dis-je. <<Dehors, une fine neige commen�ait � tomber. Les trottoirs se vidaient � mesure que minuit appprochait. Bient�t la rue fut d�serte. L�-bas, au bout de la chauss�e, je pouvais voir la masse sombre du clocher. Le vent s'�tait lev�, et de temps en temps, des rafales m'apportaient des bribes de cantiques de No�l. Je me sentais si seul, �tudiant �tranger dans une ville froide, sans �me que je connaisse...
Et pourtant cela n'�tait pas vrai. J'avais un camarade en ville; mais la semaine d'avant, nous nous �tions brouill�s. Ma solitude �tait insoutenable; je n'en pouvais plus. J'adossais mon <<dufflecoat>>, sorte de manteau en serge �pais, muni d'un capuchon, et sortis . J'�tais d�cid� � me reconcilier avec mon copain. J'avais besoin de parler � un �tre humain, de rejoindre la famille des hommes. Les rues �taient sombres. Le vent fouettait des flocons de neige sur mon visage. Je pensais � la tasse de caf� que nous allions boire ensemble. Cette image r�sumait pour moi ma participation � la communion des hommes. Arriv� � sa porte, j'y cognais sans succ�s. Il n'�tait point l�. Cette absence me jeta dans un profond abattement. Il me semblait que la grande famille humaine me rejetait. Le coeur serr�, les sanglots me montant dans la gorge et aux yeux, je repris le chemin vers ma demeure. D�j� les gens revenaient de la messe. Dieu venait de na�tre, mais pas pour moi. Dieu venait sauver le monde , mais non moi. Je marchais dans le sens inverse de la foule, et il me semblait que tous, ils regardaient couler mes pleurs. Pour �chapper � ce malaise, j'entrais dans un vieux caf� sale encore ouvert, et demandais une tasse de caf�. Je prenais une premi�re gorg�e quand il vint s'asseoir � ma table. Il �tait mal ras�. Il �tait aussi sale que l'endroit et sentait le poisson...>>
Le monsieur � lunettes fit la moue. Il n'aimait pas les gens qui sentent mauvais ou peut-�tre qu'il n'aimait le poisson.
Pourquoi donc fallait-il que je continue mes confidences � cet homme d�plaisant qui me prenait sans doute pour un cingl� et qui me regardait d'un air las, les yeux mi-clos derri�re ses verres � demi-lune? Mais je continuais quand m�me.<< Je disais donc qu'il sentait fortement le poisson. Cela ne m'�tonnait gu�res. C'�tait sans doute un p�cheur revenant vendre sa prise du march�.
<<Tu te crois bien seul>> me dit l'homme mal ras�.
<<Oui , je suis bien seul>> r�pondis-je.
<<Et pourtant, je suis toujours � tes c�t�s.>>
C'est alors que je le reconnus. Il se pencha vers un sac qu'il avait pos� par terre et en sortit des petits dor�s et tout chauds qu'il arrangea dans une assiette entre nous. Je partageais ce repas avec lui. Une joie immense m'inondait. Je voulais lui parler, lui dire merci, mais je n'y parvenais pas. Il s'est lev�. Il a mis sa main sur mon �paule ; et puis il est parti.>>
Le monsieur � lunettes m'a regard� d'un air amus�; << C'est ravissant tout �a. Il ne vous reste plus qu'� croire>>. Il a ajust� ses lunettes sur son nez, et il s'est mis debout...<<Charmante conversation!>> m'a-t-il dit dit en me quittant
Je le d�testai, je me d�testai. Et puis j'ai pris une petite gorg�e de vin...<<sed tantum dic verbo, et sanabitur anima mea.>>
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